Un tel bonheur que je me suis sentie obligée d'écrire. Un soleil léger à travers quelques filaments nuageux. Le toubkal en face, majestueux sous ses premières couches de neige. Parfois un vent tiède me caresse les bras et le visage. Des couleurs comme dans l'arc en ciel: les roches, les criqutes, les papillons et les plantes se sont donnés rendez-vous pour un ballet multicolore. Des odeurs: les mulets sont passés par ici! Les plantes aromatiques, l'eau, la nature sauvage. Seule ici je suis au paradis!
Plus tard... Petit à petit je me retrouve dans l'ombre des nuages, qui s'épaississent et s'amoncellent au dessus des sommets, et qui commencent à dégringoler dans la vallée. Je contourne un troupeau de chèvres par au dessus pour ne pas les déranger, et je retrouve le sentier plus loin. Arrive un belvédère après deux heures de marche, aucune fatigue mais une brume décourageante au dessus de moi et pas de col en vue... j'hésite à continuer. C'est par miracle que certains sommets enneigés apparaissent encore au soleil. Tant pis, je repars à l'ascension du col!
Et juste sous ce que je crois être le col, un bruit complètement improbable m'enchante les tympans: le chant d'un grillon! Ici c'est le silence, reposant, et le seul autre son que j'entend en contre-bas est celui du troupeau, loin.
Je suis parvenue jusqu'au col, en cueillant du petit bois bien choisi et des brindilles. Petit feu aux arômes d'encens du bois de genévrier, et c'est la pluie qui débute. Je redescend dans mes pensées et dans un brouillard dense. A dix mètres souvent il m'est impossible de bien voir, et les genévrieres et les rochers à taille humaine m'ont trompée plusieurs fois. La seule personne que j'ai croisée durant m'ascension puis la descente du col, c'est le berger. la pluie m'a suivie, de plus en plus forte, jusqu'au retour à Aremd. J'ai passé une très bonne journée!